dimanche 8 avril 2012

La dette publique, d'un point de vue historique.


       De tout temps, les Etats se sont endettés pour assurer le financement de dépenses liées à des choix politiques. 

       De tout temps, les Etats ont été confrontés aux difficultés de faire face à leurs échéances. 

       Depuis des siècles, l’issue est toujours la même :

- rééchelonnement de la dette : rembourser en 5 ans ce qui a été  initialement prévu en 3, par exemple,
- abandon, partiel ou total, des créances, par contraintes ou par négociations, comme dans le cas actuel de la Grèce,
- création de masse monétaire(1) l’inflation étant une méthode douce qui permet de gommer d’autant, en monnaie constante, la charge des créances (2).

(1) La création massive de papier monnaie par le Banquier Law en 1716, dans le cadre d’une Banque Royale. La charge annuelle de la dette représente alors 60% des recettes de l’Etat royal. Après une spéculation euphorique à la hausse des « actions », dans l’impossibilité d’échanger le papier contre sa contrepartie métal, le système est en banqueroute. Conséquences : 10% de Français, parmi les plus riches, sont ruinés et 10% ont fait fortune en spéculant. L’Etat solde ses comptes par un transfert, de fait, de sa dette sur les Particuliers. L’économie est relancée.

(2) « la planche à billets » fonctionne  à plein régime aux USA pour le compte de la Fed et au Royaume Uni pour le compte de la Banque d’Angleterre. Au 1er avril 2012, la BCE n’a fait que créer de la monnaie virtuelle en offrant aux Banques, pour financer les Etats, des lignes de crédit jusqu’à 1 000 milliards d’Euros (fin 2011/début 2012) à 1%. Lesquelles ne prêtent pas à moins de 3%.

Mais c’est toujours en imposant aux créanciers qu’ils renoncent, que la crise des dettes souveraines a été dans l’Histoire lointaine ou récente, résolue.

S’agit-il d’une fatalité ou ne s’agit-il que de transferts, par une sorte d’effet boomerang, des prêteurs vers les Etats, quand l’Intérêt Général est engagé ?

Poser la question historiquement permet de faire litière de l’argument selon lequel la cause en est  le « populisme et la démagogie », voire la Démocratie elle-même. Cela conduirait les « Politiciens », de quelque idéologie qu’ils soient, à créer de la dette pour rechercher un consensus par la dépense publique. Les dérives de l’Etat monarchique et du Trésor Royal font la démonstration que ni les urnes ni les campagnes électorales ne sont en cause.

De quoi s’agit-il alors ? Et à qui profite la dette ?

On ne s’endette qu’auprès de ceux qui peuvent prêter : Etats, Investisseurs  privés, Fonds de placements les plus divers, par banques intervenantes. C'est-à-dire auprès de ceux qui, à un instant donné, disposent de trésoreries inemployées. (3) 

(3) les pétro-dollars des Émirats ou les excédents budgétaires Chinois, par exemples

Par l’Emprunt, les Etats créent des placements rémunérateurs, plus fiables que les marchés boursiers, plus rapides que maints investissements industriels. D’autant que, en retour, l’Emprunt sert à alimenter les tuyaux de l’économie par le subventionnement et l’encouragement fiscal (improprement nommé aujourd’hui niche) ainsi qu’à soutenir la protection sociale, sans laquelle il n’y a pas d’économie apaisée.(4)

(4)      le déficit de la Sécurité Sociale pourrait être résorbé dans des proportions supérieures à 60% selon certains experts, si la France n’avait pas les médicaments les plus chers d’Europe  (Cf rapport de la Cour des Comptes). Mais, dans le même temps, la France dispose d’une très puissante industrie pharmaceutique…..en partie subventionnée par la Sécurité Sociale. La preuve par Servier. Sans compter le coût des prothèses, pour une part fabriquées en Chine.

 Et, quand la charge de la dette devient une menace pour l’intérêt général, par l’un des moyens développés ci-dessus, les créanciers prennent leur perte et…… se mettent en situation de prêter à nouveau.

Non sans cynisme et dans l’immoralité la plus complète, ainsi tourne la roue. (5)

(5)  les problèmes actuels tiennent moins à l’endettement public et à la rémunération du capital, qui se porte bien, quoique tendanciellement à la baisse, qu’à l’hyper développement des classes moyennes et à leurs exigences de consommation. Vont-elles résister à la paupérisation ?

Histogramme du ratio dette publique/PIB en France de 1540 à 2000.
in Histoire de la dette publique en France.  Richard Brun Institut des Sciences Politiques de Paris.



Le dernier ratio calculé par l'Insee au 1er avril 2012 est de 85,8 %. Les Etats-Unis ont une dette publique équivalente à 100% de PIB et l'Angleterre 93%.

        La dette publique est-elle, en soi, un problème, l’Etat n’étant pas contraint à l’amortissement des montants empruntés ? Même si le traité de Maastricht sur l’UE en fixe la limite à 60%. La charge de la dette (les intérêts), par rapport aux budgets annuels publics concernés, en regard de leurs déficits, n'est-elle pas le plus important à prendre en compte? Sachant que les Collectivités Territoriales n’ont que des budgets réputés à l’équilibre et que la charge de la dette ne porte pas, en elle-même, l’impasse budgétaire. Qui a bien d’autres causes.

Note rédigée par Gérard Bligny le 1er avril 2012 à l’issue d’une conférence de Jean-Claude Trichet, ancien Gouverneur de la Banque de France, ancien Président de la BCE, d’un exposé du Secrétaire Général du MEDEF-Bretagne sur la dette Publique et de divers échanges à titre privé.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire